Savage Sinusoid - couverture du disque d'Igorrr

Savage Sinusoid : Quand le baroque rencontre le breakcore

Infos techniques et crédits

Titre de l’album : Savage Sinusoid
Artiste : Igorrr (Gautier Serre)
Date de sortie : 16 juin 2017
Label : Metal Blade Records
Durée : Environ 40 minutes
Liste des titres :

  1. Viande
  2. ieuD
  3. Houmous
  4. Opus Brain
  5. Problème d’émotion
  6. Spaghetti Forever
  7. Cheval
  8. Apopathodiaphulatophobie
  9. Va te foutre
  10. Robert
  11. Au Revoir

Crédits principaux :

  • Composition, enregistrement, mixage et mastering : Gautier Serre
  • Musiciens additionnels :
    • Chant : Laurent Lunoir, Laure Le Prunenec
    • Batterie : Sylvain Bouvier
    • Accordéon : Pierre Mussi, Adam Stacey
    • Clavecin : Katerina Chrobokova
    • Sitar : Antony Miranda
    • Basse : Erlend Caspersen
    • Invités : Travis Ryan (chant), Benjamin Violet (cordes), Yann Le Glaz (saxophone), entre autres.
  • Artwork : Metastazis

Particularités :

  • Pas de samples : tous les sons de l’album ont été enregistrés par des musiciens ou créés par des instruments authentiques.
  • Mélange de genres : musique baroque, breakcore, black metal, musiques folkloriques et expérimentales.
  • Instruments insolites : clavecin, sitar, sons issus de consoles de jeu vintage.

L’actualité du groupe Igorrr à l’époque

Contexte de la sortie

En 2017, Igorrr fait partie d’une vague d’artistes explorant les limites des genres musicaux, fusionnant des styles a priori inconciliables avec une virtuosité sans égale. Savage Sinusoid marque un tournant dans la carrière de Gautier Serre, étant le premier album publié sous Metal Blade Records, un label majeur de la scène metal, connu pour son soutien à des artistes extrêmes et novateurs. Ce partenariat permet à Igorrr d’atteindre un public plus large sans compromettre son indépendance artistique.

Tournée et performances

À la sortie de l’album, Igorrr a entamé une tournée internationale ambitieuse, accompagnée par son groupe live composé de Laurent Lunoir, Laure Le Prunenec, Sylvain Bouvier, et parfois d’invités spéciaux comme Travis Ryan (Cattle Decapitation). Les performances, souvent décrites comme des expériences immersives et cathartiques, mêlent énergie brute et sophistication musicale. En Europe, Igorrr a notamment participé à des festivals de renom tels que Hellfest (France) et Dour Festival (Belgique).

Clips musicaux

Plusieurs clips tirés de Savage Sinusoid ont marqué les esprits, notamment :

  • « ieuD » : Un visuel chaotique et baroque, reflétant la dualité entre les éléments électroniques et classiques.
  • « Cheval » : Un hommage décalé au folklore et à l’excès, avec une énergie explosive.

Contexte culturel en 2017

La sortie de Savage Sinusoid s’inscrit dans une époque où la scène musicale expérimentale gagne en visibilité grâce à des plateformes comme Bandcamp et YouTube. Des artistes comme Zeal & Ardor ou Carpenter Brut, qui mélangent également genres et époques, émergent parallèlement et attirent l’attention des amateurs de musiques avant-gardistes.

Les morceaux de l’album

1. Viande
L’album s’ouvre sur une introduction brutale et viscérale. « Viande » instaure immédiatement un climat de tension avec des riffs de guitare lourds et martelés, accompagnés des hurlements de Laurent Lunoir. Le glitch électronique vient perturber la structure, donnant un effet chaotique et mécanique à l’ensemble. Une entrée en matière oppressante, qui prépare l’auditeur à une expérience sonore intense.

2. ieuD
Ce titre propose un contraste saisissant. Le clavecin, instrument baroque par excellence, joue une mélodie solennelle, bientôt rejoint par des percussions électroniques puissantes et des chants alternant growls gutturaux et voix lyriques. « ieuD » illustre parfaitement la fusion des genres qu’Igorrr maîtrise, mêlant baroque, breakcore et black metal.

3. Houmous
« Houmous » est un voyage dans les Balkans, avec ses mélodies à l’accordéon rappelant les danses folkloriques. Mais Igorrr ne s’arrête pas là : des blast beats et des lignes de basse slap s’ajoutent, avant qu’une outro en 8 bits ne conclue le morceau avec une touche nostalgique et ludique. Ce titre est l’un des exemples les plus marquants de l’humour et de la créativité d’Igorrr.

4. Opus Brain
Une véritable pièce maîtresse, « Opus Brain » alterne entre passages hypnotiques joués au sitar et envolées de black metal frénétiques. Le morceau se déploie comme une mosaïque sonore, avec une attention particulière aux textures et aux transitions, maintenant une tension constante.

5. Problème d’émotion
Interlude atmosphérique et mélancolique, ce morceau met en avant la voix cristalline de Laure Le Prunenec. Des arrangements délicats, incluant probablement un thérémine, plongent l’auditeur dans une introspection subtile avant une montée électronique explosive.

6. Spaghetti Forever
Un titre plus direct et percutant, où l’énergie brute domine. La structure est moins labyrinthique que d’autres morceaux, ce qui en fait une pause bienvenue dans la complexité globale de l’album. Les mandolines apportent une touche inattendue, renforçant l’identité unique du titre.

7. Cheval
Une valse déjantée, où l’accordéon est au premier plan. La batterie puissante et les growls de Travis Ryan transforment ce qui pourrait être un morceau de bal musette en une explosion sonore. Le contraste entre les sections rythmiques et mélodiques fait de « Cheval » l’un des morceaux les plus mémorables de l’album.

8. Apopathodiaphulatophobie
Ce morceau pousse les limites de l’intensité sonore. Blast beats, growls déchaînés, et glitchs électroniques s’entrelacent pour un rendu chaotique et cathartique. Le titre lui-même, signifiant la peur de la constipation, ajoute une touche d’humour absurde.

9. Va te foutre
Probablement le titre le plus provocateur de l’album, « Va te foutre » intègre des éléments de black metal joués au clavecin, illustrant une fois de plus la capacité d’Igorrr à défier les conventions musicales.

10. Robert
Un morceau au sound design particulièrement expérimental, « Robert » alterne entre moments de calme étrange et explosions sonores imprévisibles. L’atmosphère y est angoissante, presque maladive, renforçant l’aspect narratif et cinématographique de l’album.

11. Au Revoir
Le final mélancolique et intense de l’album. « Au Revoir » abandonne les excentricités pour se concentrer sur une montée en puissance émotionnelle. Les arrangements classiques et les crescendos électroniques se mélangent harmonieusement pour offrir une conclusion poignante.

La place de l’album dans la discographie d’Igorrr et son influence culturelle

Un jalon majeur dans la carrière d’Igorrr

Savage Sinusoid représente une étape essentielle dans la discographie d’Igorrr. Après des albums comme Nostril (2010) et Hallelujah (2012), où l’artiste a expérimenté avec le breakcore et le mélange des genres, ce troisième opus se distingue par une production plus aboutie et une ambition accrue. C’est également le premier album entièrement dénué de samples, chaque élément sonore ayant été enregistré ou conçu en studio, renforçant son caractère organique et artisanal.

En termes de structure et de cohérence, Savage Sinusoid marque une évolution. Contrairement aux projets précédents, où le chaos régnait souvent en maître, cet album offre une progression narrative et musicale plus maîtrisée, tout en conservant l’exubérance caractéristique du style d’Igorrr. Il établit également une relation plus forte avec son public grâce à une exposition internationale accrue via Metal Blade Records.

Un album clé pour la musique expérimentale et extrême

Savage Sinusoid a joué un rôle clé dans la reconnaissance de la musique hybride et expérimentale à l’échelle mondiale. Igorrr parvient à combiner des styles aussi divers que le black metal, la musique baroque, le breakcore et la musique folklorique, créant un langage musical propre qui défie toute classification. Cet album a ouvert la voie à d’autres artistes qui cherchent à repousser les frontières musicales, et il est souvent cité comme une référence dans les milieux underground et avant-gardistes.

Réactions critiques et impact culturel

L’album a été acclamé par la critique pour son originalité et sa production impeccable. Des webzines et critiques spécialisés, comme Metal Injection et Angry Metal Guy, ont salué la capacité d’Igorrr à créer un univers sonore unique. Cependant, Savage Sinusoid a également divisé, certains auditeurs trouvant l’album trop complexe ou inaccessible, ce qui témoigne de son caractère polarisant.

Côté influence culturelle, l’album s’inscrit dans un contexte où la musique expérimentale et hybride gagne du terrain, grâce à des artistes tels que Zeal & Ardor ou même des figures plus établies comme Mike Patton. Il reflète également un intérêt croissant pour la fusion entre électronique et instruments traditionnels, à une époque où les frontières entre genres deviennent de plus en plus floues.

Quand écouter Savage Sinusoid ?

Savage Sinusoid n’est pas un album que l’on écoute distraitement. C’est une œuvre qui exige toute votre attention et qui récompense les auditeurs aventureux prêts à plonger dans un univers sonore aussi chaotique qu’envoûtant. Voici quelques suggestions insolites pour savourer cette expérience musicale hors du commun :

  • Matinées explosives : Besoin d’un coup de fouet pour démarrer la journée ? Les premières notes brutales de « Viande » et l’énergie de « Cheval » vous réveilleront mieux qu’un double expresso.
  • Explorations artistiques : Parfait pour accompagner une session de peinture abstraite ou d’écriture expérimentale. La richesse des arrangements stimule la créativité.
  • Soirées underground : L’album est un compagnon idéal pour un rassemblement de mélomanes avertis ou une soirée à thème décalé. À écouter avec des amis curieux et prêts à débattre sur les merveilles (ou bizarreries) de cet album.
  • Voyages introspectifs : Plongez dans « Au Revoir » ou « Problème d’émotion » lors d’une marche méditative ou d’une session de contemplation nocturne.
  • Moments absurdes : Une fête foraine improvisée ? Une performance de danse contemporaine dans votre salon ? La folie de Savage Sinusoid s’accorde parfaitement avec des activités inattendues et absurdes.

À éviter : Ce n’est pas le disque à lancer pour une soirée romantique classique ou un dîner calme – sauf si vous êtes prêts à convertir vos invités à la secte des mélomanes dégénérés.

Publications similaires