Un crash-test dummy affublé de lunettes de soleil et d’un air arrogant, façon “mâle alpha” qui va droit dans le mur

84 % des accidents mortels causés par des hommes : quand la virilité écrase tout

Ah, les hommes et leurs voitures… Une grande histoire d’amour, entre vrombissements virils, accélérations triomphales et coups d’œil satisfaits dans le rétro. Seul problème : à force de se prendre pour des pilotes de F1 sur le périphérique, beaucoup finissent par embrasser un platane à pleine vitesse.

Le chiffre est sans appel : en 2024, 84 % des accidents mortels ont été causés par des hommes. Pas 60 %, pas 70 %, non. 84 %. Un véritable plébiscite. De quoi faire réfléchir sur cette étrange relation entre la testostérone et le volant. Pourquoi une telle surreprésentation masculine ? Mauvais karma ? Mauvais réflexes ? Ou simplement une incapacité chronique à lever le pied ?

Creusons un peu cette question en analysant les mécanismes psychologiques derrière cette frénésie automobile, avant de voir comment on pourrait, peut-être, éviter que la route ne devienne un champ de bataille viril.

Pourquoi les hommes prennent-ils plus de risques ?

Alors, pourquoi cette manie masculine de confondre la route avec un circuit de course ? Pourquoi ce besoin irrépressible de coller au pare-chocs de la voiture de devant, klaxonner à la moindre occasion et doubler sur une ligne blanche comme si une médaille d’or était en jeu ?

La socialisation masculine : “Un homme, un vrai, ça roule vite”

Depuis l’enfance, on apprend aux garçons à prendre des risques. Grimper aux arbres plus haut que les autres, rouler en vélo sans les mains, sauter du muret le plus dangereux du quartier… La virilité, c’est le dépassement de soi. Et malheureusement, cette logique ne s’arrête pas avec le permis de conduire. Résultat : sur la route, certains continuent de jouer à qui a la plus grosse… voiture.

Le biais de surconfiance : “Je gère”

Une étude après l’autre, le constat est le même : les hommes surestiment leurs compétences au volant. Ils sont convaincus qu’ils maîtrisent la situation, même à 150 km/h sous la pluie. Jusqu’à ce que la physique leur rappelle que non, ils ne sont pas Lewis Hamilton.

Testostérone et plaisir du danger : “Trop facile, même pas peur”

On pourrait parler d’hormones et d’impulsivité, mais soyons honnêtes : ce n’est pas tant une question biologique qu’une addiction au frisson. Le danger excite, la vitesse grise, et il faut bien impressionner les copains ou la fille sur le siège passager. Parce que, comme chacun sait, rien ne séduit plus qu’une embardée sur l’autoroute avec un fond de Jul à la radio.

Pression du groupe et compétition : “Si je le double pas, je perds”

Les meutes de motards qui slaloment entre les voitures, les duels improvisés entre BMW et Audi sur la voie de gauche… La route devient un terrain de jeu pour mâles alpha, où il ne faut surtout pas se laisser dépasser sous peine d’humiliation suprême. Sauf que, parfois, la ligne d’arrivée, c’est un mur en béton.

Le rapport à l’autorité : “Les règles ? C’est pour les autres”

Respecter le code de la route ? Trop mainstream. Lever le pied en ville ? Un affront personnel. Certains hommes vivent chaque limitation de vitesse comme une atteinte à leur liberté fondamentale. Le résultat ? Une belle collection de flashs radar… et, parfois, une sortie de route définitive.

Un homme au volant, excès de confiance visible, pendant qu’une femme sur le siège passager lève les yeux au ciel.

Comment éviter que la route ne devienne un cimetière viril ?

Bon, maintenant qu’on a bien cerné le problème, il est temps de se demander comment éviter que certains hommes continuent de confondre leur voiture avec une arme blanche. Parce que si rouler vite permet d’affirmer sa supériorité face à un autre conducteur, on rappelle qu’une tôle froissée n’a jamais fait de quelqu’un un mâle dominant.

Des campagnes de prévention qui parlent aux hommes

Soyons honnêtes, les spots “Si tu bois, tu conduis pas” avec une voix douce et une musique triste, ça ne marche pas sur tout le monde. Il faudrait peut-être un autre angle : humilier les kékés du volant, montrer à quel point ils ont l’air ridicules avec leur conduite d’ado attardé. Après tout, si c’est l’image qui compte, autant attaquer là où ça fait mal.

Déconstruire le mythe du pilote

On l’a vu, rouler vite, c’est viril. Mais si on faisait en sorte que rouler intelligemment le soit encore plus ? Si au lieu d’un fantasme de vitesse, on glorifiait la maîtrise, le calme, la stratégie ? Imaginez un monde où les vrais bonhommes sont ceux qui anticipent, qui contrôlent et qui arrivent entiers à destination. Révolutionnaire, non ?

Mettre des sanctions plus humiliantes

Les amendes, c’est bien, mais est-ce que ça suffit ? Peut-être qu’il faudrait innover : confiscation de la voiture et remplacement temporaire par une 2CV rose bonbon. Ou encore des stages de conduite encadrés par des monitrices qui rappellent, chiffres à l’appui, que les femmes causent moins d’accidents. Rien de tel qu’une bonne claque à l’ego pour calmer les ardeurs.

Repenser l’éducation à la conduite

Plutôt que d’apprendre à faire un créneau en 10 minutes chrono, si on enseignait la gestion du stress, l’humilité et la patience ? Et pourquoi ne pas inclure des séances où des accidentés viennent raconter leur expérience, histoire de rappeler que l’invincibilité est un concept théorique ?

Féminisme et masculinité : un espoir ?

Avec l’évolution des mentalités, la virilité toxique va-t-elle finir par se diluer et rendre la route plus sûre ? Ou au contraire, va-t-on assister à une rébellion des “vrais hommes” contre ces tentatives de castration automobile ? Une chose est sûre : soit la masculinité évolue, soit elle continuera à s’écraser contre un mur à 120 km/h.

Un conducteur type “bad boy” dans sa voiture en train de fanfaronner… et un panneau “hôpital à 3 km” juste devant lui

La route, miroir de la virilité en crise

En fin de compte, cette histoire de 84 % d’accidents mortels causés par des hommes n’est pas qu’une simple statistique. C’est le reflet d’un rapport au monde basé sur la domination, la prise de risque et le rejet des règles. Et ce qui se joue sur la route dépasse largement la conduite : c’est une certaine idée de la masculinité qui est en jeu.

Alors, que faire ? Continuer à encourager ces comportements, en applaudissant le cousin qui « gère trop bien les virages » et en trouvant normal qu’un type en berline allemande colle au pare-chocs comme s’il jouait sa vie ? Ou enfin admettre que la virilité version “pied au plancher” est juste un aller simple vers la morgue ?

À méditer… avant de redémarrer.

Sources :

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