Get Out, de Jordan Peele. ici, Chris, le protagoniste, comprend toute la vérité sur sa belle-famille...

Get Out : paranoïa et racisme dans un cauchemar éveillé

En 2017, les amateurs d’horreur pensaient encore que le summum de la terreur consistait à se faire pourchasser par un clown en CGI ou à survivre à une maison hantée par des esprits vengeurs. Puis est arrivé Get Out, et soudain, le malaise n’était plus seulement dans les recoins sombres d’un manoir, mais dans le sourire trop parfait d’un beau-père démocrate, dans le compliment glissé comme une caresse (« J’aurais voté Obama une troisième fois »), dans cette politesse poisseuse qui précède l’eugénisme chic. Jordan Peele, jusque-là spécialiste du sketch comique, a pris les codes du thriller psychologique pour les retourner comme une chaussette (blanche), dévoilant l’intérieur bien plus sale qu’anticipé.

Avec un budget dérisoire, une mise en scène chirurgicale et un scénario qui scie les jambes à coup de vérités dérangeantes, Get Out n’a pas seulement relancé le film d’horreur : il l’a politisé, ironisé, et surtout, réveillé. Car ce n’est pas tant le monstre qui vous effraie ici que le regard insistant d’une famille bien sous tous rapports. Et s’il y avait une leçon à tirer de ce film, ce serait peut-être celle-ci : l’enfer, c’est les autres… surtout quand ils vous trouvent « fascinant ».

Infos techniques et crédits

Titre : Get Out

Réalisateur et scénariste : Jordan Peele

Musique : Michael Abels

Directeur de la photographie : Toby Oliver

Montage : Gregory Plotkin

Genre : Horreur psychologique, thriller, comédie noire

Durée : 104 minutes

Date de sortie : 24 février 2017 (États-Unis), 3 mai 2017 (France)

Acteurs principaux :

  • Daniel Kaluuya : Chris Washington
  • Allison Williams : Rose Armitage
  • Catherine Keener : Missy Armitage
  • Bradley Whitford : Dean Armitage
  • Caleb Landry Jones : Jeremy Armitage
  • Lil Rel Howery : Rod Williams
  • Lakeith Stanfield : Andre Hayworth / Logan King
  • Betty Gabriel : Georgina
  • Stephen Root : Jim Hudson

Budget : 4,5 millions de dollars

Société de distribution : Universal Pictures

Sociétés de production : Blumhouse Productions, QC Entertainment, Monkeypaw Productions

Get Out est le premier long-métrage de Jordan Peele, connu auparavant pour son travail comique, notamment dans la série Key & Peele. Le film a été largement salué pour son mélange unique de thriller psychologique, d’horreur et de satire sociale, abordant des thèmes profonds tels que le racisme contemporain.

Où et comment visionner le film ?

Get Out est disponible en France via plusieurs plateformes de streaming et en formats physiques.

  • Streaming (location ou achat numérique) :
    • Apple TV : Location à 3,99 € ; achat à 8,99 €.
    • Amazon Video : Location à 2,99 € ; achat à 9,99 €.
    • FILMO : Location à 2,99 €.
    • UniversCiné : Location à 2,99 € ; achat à 7,99 €.
    • VIVA by Videofutur : Location à 2,99 € ; achat à 7,99 €.
    • Premiere Max : Location à 2,99 € ; achat à 8,99 €.
  • DVD et Blu-ray :

Ces options permettent aux spectateurs de choisir entre la commodité du streaming et la qualité optimale des supports physiques pour (re)découvrir ce thriller captivant.

L’actualité du réalisateur à l’époque

En 2017, Jordan Peele était principalement reconnu pour son travail comique, notamment en tant que co-créateur et acteur de la série à sketches Key & Peele, diffusée de 2012 à 2015. Get Out marque son passage audacieux de la comédie à la réalisation de films d’horreur, un tournant qui a surpris et impressionné tant le public que la critique. Le film a été présenté en avant-première au Festival du film de Sundance en janvier 2017, où il a reçu un accueil enthousiaste, lançant ainsi la carrière de Peele en tant que réalisateur de films de genre.

La même année, le paysage cinématographique a vu la sortie d’autres films d’horreur notables tels que It de Andy Muschietti et Mother! de Darren Aronofsky, contribuant à une renaissance du genre. Cependant, Get Out s’est distingué par son approche unique, mêlant horreur et satire sociale pour aborder des questions raciales contemporaines.

Résumé rapide du film, grands thèmes et caractéristiques particulières

Chris Washington, un jeune photographe noir, part passer un week-end chez la famille de sa petite amie blanche, Rose Armitage. Si l’accueil semble chaleureux au départ, Chris remarque rapidement des comportements étranges, notamment chez les domestiques noirs, Georgina et Walter, qui affichent un sourire figé et des attitudes troublantes. Peu à peu, il découvre que la famille Armitage cache un sinistre secret : ils transfèrent la conscience de riches Blancs dans les corps de jeunes Noirs grâce à une opération chirurgicale, laissant l’esprit des victimes piégé dans un état de conscience appelé le « Sunken Place » (l’« Enfoncement »).

Les grands thèmes abordés

  • Le racisme insidieux et l’appropriation culturelle : Get Out ne dénonce pas un racisme frontal, mais plutôt une forme plus insidieuse et hypocrite, où les Blancs progressistes affichent une fascination malsaine pour les Noirs, allant jusqu’à vouloir littéralement « posséder » leurs corps.
  • L’impuissance et l’horreur psychologique : L’idée de se retrouver enfermé dans son propre corps, incapable d’agir, est l’un des aspects les plus angoissants du film. La scène du Sunken Place, où Chris est piégé dans un néant silencieux, est devenue iconique.
  • L’héritage de l’esclavage et du colonialisme : Le film revisite la notion de servitude, avec ces domestiques noirs qui, en réalité, ne sont plus maîtres de leur propre esprit.

Caractéristiques particulières du film

  • Mise en scène et photographie : Jordan Peele utilise une mise en scène sobre mais efficace, jouant sur les regards et les non-dits pour instaurer un malaise constant.
  • Influences : On retrouve des références au cinéma paranoïaque des années 70 (The Stepford Wives), mais aussi au surréalisme de Twin Peaks de David Lynch et au symbolisme de Rosemary’s Baby.
  • Humour et tension : Contrairement à un film d’horreur classique, Get Out incorpore des touches d’humour, notamment à travers le personnage de Rod, l’ami de Chris, qui allège la tension tout en incarnant une voix de la raison.

La place du film dans la filmographie de Jordan Peele et dans l’art cinématographique en général

Avec Get Out, Jordan Peele s’est immédiatement imposé comme l’une des voix les plus originales du cinéma d’horreur moderne. Il a réinventé le genre en y intégrant une réflexion sociopolitique, inspirant une vague de films d’horreur intelligents et engagés.

Dans la filmographie de Peele :

  • Get Out a été suivi par Us (2019), qui explore les dualités et les inégalités sociales à travers une histoire de double maléfique. Puis, Nope (2022) a confirmé son ambition de réinventer l’horreur en la croisant avec la science-fiction et la critique des médias.
  • Chaque film de Peele s’inscrit dans une démarche d’auteur, avec une esthétique reconnaissable et des obsessions récurrentes : le racisme systémique, le traumatisme collectif, et l’horreur cachée sous une façade de normalité.

Dans l’art cinématographique :

  • Get Out a relancé l’horreur sociale, un genre qui combine la terreur avec des problématiques sociétales contemporaines, rappelant les œuvres de George A. Romero ou John Carpenter, mais avec une sensibilité moderne.
  • Le film a également influencé d’autres réalisateurs, ouvrant la voie à une nouvelle génération de cinéastes noirs dans le cinéma de genre, et contribuant à une meilleure représentation à l’écran.

Réception et impact :

  • Get Out a été un succès critique et commercial, rapportant plus de 250 millions de dollars pour un budget de 4,5 millions.
  • Il a remporté l’Oscar du Meilleur Scénario Original en 2018, une consécration rare pour un film d’horreur.
  • La scène du Sunken Place est devenue une référence culturelle, symbolisant l’oppression et l’impuissance ressenties par les minorités dans une société qui prétend être « post-raciale ».

Synthèse : Quand regarder ce film ?

  • Avant un dîner chez les beaux-parents : Parce qu’il vaut mieux être préparé à toute éventualité. Même si le pire qu’on risque en vrai, c’est une discussion gênante sur la politique.
  • Lors d’une soirée entre amis amateurs de thrillers psychologiques : Pour débattre après le film et disséquer chaque indice disséminé par Jordan Peele.
  • Juste après avoir regardé un film d’horreur classique : Pour voir à quel point Get Out renouvelle le genre et s’éloigne des clichés habituels.
  • Si tu veux prouver que l’horreur peut être intelligente et politique : Histoire de clouer le bec à ceux qui pensent que les films d’horreur se résument aux screamers et aux jump scares.
  • Après avoir lu un essai sur le racisme systémique : Parce que Get Out est un parfait complément visuel à une réflexion sur les dynamiques de pouvoir et l’appropriation culturelle.

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