Dune de David Lynch : L’adaptation la plus étrange de l’histoire du cinéma

Dune (1984) – Fiche technique et crédits

Quelques particularités du film

• Dune marque les débuts au cinéma de Kyle MacLachlan, qui deviendra plus tard une figure incontournable des œuvres de Lynch (Blue Velvet, Twin Peaks).
• Les créatures du film, notamment les vers des sables géants, ont été conçues par Carlo Rambaldi, célèbre pour son travail sur E.T. et Alien.
• David Lynch a renié le montage final du film, amputé par le studio, et a refusé de s’impliquer dans une version longue destinée à la télévision.
• Le film a coûté environ 40 millions de dollars, ce qui en faisait l’un des films les plus chers de l’époque.

Où et comment visionner Dune de David Lynch ?

Malgré son échec commercial à sa sortie, Dune de David Lynch a gagné un statut culte au fil des années. Aujourd’hui, plusieurs options existent pour (re)découvrir cette œuvre singulière.

En streaming et VOD

En France, le film est disponible à la location ou à l’achat en numérique sur plusieurs plateformes :

• Canal VOD : Location à partir de 2,99 €
• Orange VOD : Location à partir de 2,99 €
• VIVA : Disponible en HD, location dès 2,99 €

En DVD et Blu-ray

Pour les amateurs de supports physiques, plusieurs éditions du film existent :

• Blu-ray édition collector : incluant des interviews et des making-of
• DVD standard
• Édition Steelbook limitée avec un nouveau master HD

Éditions spéciales et restaurations

Malheureusement, il n’existe pas encore de director’s cut validé par David Lynch. Cependant, certaines éditions contiennent des bonus inédits et des versions alternatives montées par des fans.

L’actualité du réalisateur à l’époque de la sortie du film

En 1984, David Lynch est un réalisateur encore en début de carrière, mais déjà remarqué. Son premier long-métrage, Eraserhead (1977), était devenu un film culte dans les cercles underground, et The Elephant Man (1980) lui avait valu une reconnaissance internationale avec huit nominations aux Oscars.

Lorsque Lynch est approché par Dino De Laurentiis pour adapter Dune, il est un jeune cinéaste prometteur, mais pas encore l’auteur à l’univers totalement libre que l’on connaît aujourd’hui. L’enjeu est énorme : le projet est l’un des plus ambitieux de l’époque, avec un budget de 40 millions de dollars, des décors monumentaux et des effets spéciaux impressionnants pour l’époque.

Cependant, la production est chaotique. Pressé par Universal et De Laurentiis, Lynch doit réduire drastiquement son montage, sacrifiant de nombreuses scènes et explications. Le film sort finalement en décembre 1984 aux États-Unis et en février 1985 en France, mais il est un échec critique et commercial. Lynch refuse d’être associé aux versions longues montées sans son accord et renie en partie le film.

Le contexte cinématographique de 1984-1985

La sortie de Dune intervient dans une période riche en science-fiction au cinéma :

• 1982 : Blade Runner de Ridley Scott et The Thing de John Carpenter (tous deux échecs à leur sortie, devenus cultes plus tard).
• 1983 : Le Retour du Jedi conclut la trilogie Star Wars.
• 1984 : Terminator de James Cameron révolutionne le genre.
• 1985 : Brazil de Terry Gilliam, une autre vision baroque et dystopique de la SF.

Après Dune, Lynch se détourne du cinéma de commande et revient à des projets plus personnels, ce qui donnera naissance à Blue Velvet en 1986, son premier chef-d’œuvre pleinement maîtrisé.

Résumé rapide du film, ses grands thèmes et caractéristiques particulières

Résumé

Dans un futur lointain, l’univers est gouverné par un empire féodal où les grandes maisons nobles se disputent le contrôle de l’Épice, une substance précieuse aux propriétés extraordinaires, permettant notamment la navigation interstellaire. Cette ressource ne se trouve que sur une seule planète : Arrakis, aussi appelée Dune, un monde désertique peuplé par les redoutables Fremen et les gigantesques vers des sables.

L’Empereur confie la gestion d’Arrakis à la Maison Atréides, dirigée par le Duc Leto Atréides. Mais c’est un piège : leur ennemie jurée, la Maison Harkonnen, lance une attaque meurtrière pour éliminer les Atréides. Paul, le fils du Duc, et sa mère Jessica s’enfuient et trouvent refuge auprès des Fremen. Guidé par des visions prophétiques, Paul va peu à peu embrasser son destin messianique et mener une rébellion contre les oppresseurs d’Arrakis.

Les grands thèmes

• Le pouvoir et la trahison : Dune est une fresque politique où les alliances se nouent et se brisent sous l’influence de manipulations impériales et de rivalités claniques.
• La prédestination et le libre arbitre : Paul est tiraillé entre son destin annoncé et sa volonté propre, un thème qui résonne fortement avec les œuvres ultérieures de Lynch.
• L’écologie et la survie : Arrakis est une planète où chaque goutte d’eau est précieuse. Le mode de vie des Fremen et leur relation avec leur environnement rappellent les enjeux écologiques contemporains.
• Le mysticisme et la transformation : L’Épice altère la perception et offre des pouvoirs surhumains. Paul évolue d’un jeune noble en fuite à un chef religieux et guerrier, dans une transformation fascinante mais inquiétante.

Caractéristiques particulières du film

• Une esthétique baroque et oppressante : Lynch ne cherche pas le réalisme mais une ambiance étrange et hypnotique, avec des décors grandioses et des costumes exagérés.
• Un casting hétéroclite : Aux côtés de Kyle MacLachlan, on retrouve Sting en Feyd-Rautha sadique, Patrick Stewart en guerrier loyal et Jürgen Prochnow en duc charismatique.
• Une narration elliptique : Le film est souvent critiqué pour son montage abrupt, qui oblige le spectateur à combler les vides laissés par les coupes imposées au réalisateur.
• Une bande-son atypique : Composée par Toto, avec une pièce signée Brian Eno, la musique oscille entre rock symphonique et atmosphères éthérées.

La place du film dans la filmographie de Lynch et dans l’histoire du cinéma

Un ovni dans la carrière de David Lynch

Pour David Lynch, Dune reste une expérience frustrante. Contraint de travailler sous la supervision des producteurs et du studio, il n’a pas eu le contrôle total sur son œuvre. Il a toujours refusé de réaliser une version longue ou un director’s cut, et son désaveu est tel que certaines versions TV du film portent le nom du pseudonyme Alan Smithee, réservé aux réalisateurs qui renient un projet.

Toutefois, malgré cet échec, Dune joue un rôle clé dans la carrière de Lynch. Il lui permet de rencontrer Kyle MacLachlan, qui deviendra son acteur fétiche (Blue Velvet, Twin Peaks). Surtout, cet échec le pousse à ne plus jamais accepter de compromis artistiques, une décision qui donnera naissance à Blue Velvet (1986), puis à des chefs-d’œuvre comme Twin Peaks, Lost Highway et Mulholland Drive.

Un film maudit devenu culte

Lors de sa sortie en 1984, Dune est un désastre critique et commercial. Les critiques le trouvent confus, bavard, et trop ésotérique pour un blockbuster de science-fiction. Le public, lui, ne suit pas : le film rapporte à peine 30 millions de dollars, bien loin de son budget de 40 millions.

Mais avec le temps, Dune acquiert un statut culte. Son esthétique hallucinée, ses costumes exubérants et ses dialogues étranges fascinent une niche de cinéphiles. Il devient un film incontournable pour les fans de Lynch, qui y voient les prémices de son style futur.

En 2021, Denis Villeneuve adapte à son tour Dune dans une version en deux parties, proposant une lecture plus fidèle au roman. Cette nouvelle adaptation, acclamée, pousse de nombreux spectateurs à redécouvrir la version de Lynch, renforçant encore son statut d’œuvre atypique et fascinante.

Quand regarder ce film ?

Dune de David Lynch n’est pas un film que l’on regarde à la légère. Il demande une certaine disponibilité d’esprit, et surtout, une acceptation de son étrangeté. Voici quelques suggestions pour le moment idéal de visionnage :

• Un soir d’insomnie : Son atmosphère onirique, sa musique hypnotique et son montage saccadé en font une expérience presque hallucinatoire. Idéal pour un voyage mental nocturne.
• Avant une partie de jeu de rôle SF : Dune regorge d’univers fascinants, de luttes de pouvoir et d’ambiances mystiques. Parfait pour stimuler l’imagination avant une partie de Warhammer 40K ou Cyberpunk.
• Lors d’un marathon David Lynch : Après Eraserhead et The Elephant Man, Dune montre une autre facette du réalisateur, avant de plonger dans ses œuvres plus personnelles (Blue Velvet, Twin Peaks).
• Un dimanche pluvieux, seul(e) avec un verre de whisky : L’immersion est totale et le côté contemplatif du film se marie bien avec un moment d’introspection.
• Lors d’un débat entre fans de science-fiction : Dune divise, intrigue et fascine. C’est un film qui nourrit les discussions et qui mérite d’être défendu… ou démonté, selon les sensibilités.