« Nostril » d’Igorrr : Une symphonie baroque pour le chaos moderne

Sorti en 2010 sous le label Ad Noiseam, « Nostril » d’Igorrr est un album qui défie toutes les conventions. Fusion improbable de breakcore frénétique, de musique baroque élégante et de metal extrême, cet ovni sonore est une expérience aussi déroutante que fascinante. Derrière ce projet hors norme se cache Gautier Serre, un compositeur français capable de marier clavecins délicats et blast beats survoltés avec une aisance déconcertante. Si vous pensiez avoir tout entendu en matière de musique expérimentale, préparez-vous à rentrer dans un univers où chaque note semble prête à exploser.

Infos techniques et crédits

« Nostril » est le deuxième album studio d’Igorrr, sorti le 9 novembre 2010 sous le label Ad Noiseam.

L’album se compose de 14 titres, mêlant habilement breakcore, musique baroque et metal extrême, une fusion souvent qualifiée de « baroquecore ».

L’album a été initialement publié en format CD digipak par Ad Noiseam en 2010.

Il a connu plusieurs rééditions, notamment en double vinyle vert solide en 2015, limité à 500 exemplaires, et en vinyle cuivre 180g en 2020 par Nuclear Blast.

L’actualité du groupe à l’époque

En 2010, avec la sortie de « Nostril », Igorrr commence à se faire un nom sur la scène musicale underground grâce à son style inclassable et expérimental. Gautier Serre, l’homme derrière le projet, est encore un compositeur relativement méconnu mais respecté par une niche de fans de musique avant-gardiste. L’album précédent, « Moisissure«  (2008), avait posé les bases du son distinctif d’Igorrr, mais « Nostril » représente une montée en puissance dans l’ambition et la complexité des compositions.

Tournée et performances :

Igorrr s’est produit dans divers festivals alternatifs et concerts underground après la sortie de l’album. Bien que ses performances live à l’époque ne soient pas encore au niveau de production des shows actuels (notamment ceux avec son groupe live complet), elles mettaient déjà en lumière l’énergie frénétique et l’imprévisibilité de sa musique.

Réception critique :

Bien que l’album ait été salué dans les cercles spécialisés pour sa créativité et son audace, il est resté relativement confidentiel en 2010. Cependant, des publications comme Ad Noiseam et divers webzines dédiés au breakcore, au metal et à l’électro expérimentale ont loué l’innovation de l’album.

Les morceaux du disque

Voici une analyse détaillée des morceaux, chacun ayant sa propre identité sonore unique :

1. Double Monk : Une introduction frénétique, entre percussions hyperactives et échantillons vocaux déroutants. Ce morceau donne immédiatement le ton de l’album.
2. Tendon : Une des pièces maîtresses de l’album, mêlant sections orchestrales baroques et riffs lourds de guitare, accompagnés de growls déchirants.
3. Excessive Funeral : Probablement l’un des morceaux les plus emblématiques, offrant un mélange parfait entre mélancolie baroque et violence breakcore.
4. Very Long Chicken : Ce titre porte bien son nom absurde, avec des samples et des rythmes déconstruits qui créent une ambiance chaotique et humoristique.
5. Melting Nails : Un morceau court et intense, évoquant une rage mécanique.
6. Pavor Nocturnus : Ce morceau explore des textures plus sombres et angoissantes, avec un accent mis sur les instruments à cordes.
7. Caros : Une interlude vocale portée par Laure Le Prunenec, offrant une pause onirique au milieu du chaos.
8. Cruciform Dachshund : Une composition complexe avec des mélodies baroques jouées sur des cordes, entremêlées de rythmes frénétiques.
9. Half a Pony : Un morceau court et espiègle, qui joue sur des contrastes dynamiques.
10. Unpleasant Sonata : Comme son titre l’indique, ce morceau est une sorte de sonate déconstruite et délibérément dissonante.
11. Dentist : Une interlude bruitiste qui évoque une visite chez le dentiste, absurde et oppressante.
12. Fryzura Konika : Un mélange de textures vocales et de rythmes décalés.
13. Veins : Un des morceaux les plus longs, il combine une tension dramatique croissante et des explosions rythmiques.
14. Moldy Eye : Un final grandiose où se mêlent chant guttural, orchestration baroque et breakcore déjanté.

La place du disque dans la discographie d’Igorrr

« Nostril » est souvent considéré comme l’album qui a consolidé l’identité sonore d’Igorrr, posant les bases pour ses futures œuvres telles que « Hallelujah«  (2012) et « Savage Sinusoid«  (2017). Avec cet album, Igorrr a prouvé qu’il était capable de transformer des genres musicaux apparemment incompatibles en un langage musical cohérent et unique.

Dans le contexte de la scène musicale, « Nostril » est un jalon pour le breakcore, tout en introduisant des éléments baroques dans un genre souvent purement électronique ou industriel.

Nostril : quand écouter ce disque ?

« Nostril », c’est la bande-son parfaite pour :

• Un trajet matinal déjanté en transport, où chaque imprévu devient une symphonie chaotique.
• Une session d’entraînement intensif pour se défouler.
• Une soirée entre amis adeptes de musique étrange et expérimentale.
• Des moments de méditation absurde, où l’on accepte que le chaos puisse aussi être cathartique.