Extreme droite - que signifie l'utilisation de l'expression dans la plupart des journaux ?

Qui est vraiment d’extrême droite en France ?

Il est des mots qui servent moins à penser qu’à empêcher de penser. « Extrême droite » fait partie de ces étiquettes-massues, brandies à tout bout de champ pour discréditer un adversaire politique sans avoir à se confronter à ses idées. Dans le paysage médiatique français, l’expression est devenue un outil commode : il suffit d’être hostile à l’immigration de masse, critique envers l’Union européenne ou attaché à la souveraineté nationale pour se voir taxé d’extrême droite. À force d’user du mot comme d’une injonction au silence, on a fini par lui faire perdre son sens.

Mais qu’est-ce que l’extrême droite, au juste ? Est-elle ce monstre invisible qui hante les cauchemars des éditorialistes parisiens, ou une réalité politique définie par des principes clairs ? De l’Action française au Rassemblement national en passant par les ligues des années 30, le fascisme français, l’OAS ou encore certains groupuscules identitaires contemporains, les visages de l’extrême droite ont changé au fil du temps. Mais peut-on sérieusement mettre dans le même sac Charles Maurras, Jean-Marie Le Pen et Éric Zemmour ? Et d’ailleurs, peut-on encore parler d’extrême droite pour des partis qui participent loyalement aux institutions démocratiques et qui se conforment aux règles du jeu républicain ?

Cet article propose de revenir aux fondamentaux : quels sont les critères qui définissent réellement l’extrême droite ? Quels sont les courants idéologiques qui s’y rattachent, hier et aujourd’hui ? Et surtout, qui sont les véritables extrémistes dans une époque où la censure et l’anathème remplacent de plus en plus souvent le débat d’idées ?

Origines historiques de l’extrême droite en France

L’extrême droite n’a pas toujours ressemblé à ce que l’on imagine aujourd’hui. Avant d’être une catégorie politique floue utilisée pour écarter des adversaires du débat public, elle avait une réalité bien tangible, des figures intellectuelles marquantes et une idéologie structurée.

Aux origines : la contre-révolution et le rejet des Lumières

Si l’extrême droite devait avoir un acte de naissance, ce serait sans doute dans les années qui suivent la Révolution française. Face au bouleversement provoqué par 1789, une frange de penseurs et d’acteurs politiques se lève pour défendre un ordre ancien qu’ils estiment menacé. Leur combat ? Le rejet de l’égalitarisme, la défense d’une société hiérarchisée et la primauté du religieux sur le politique.

Les figures de proue de cette contre-révolution sont des noms comme Joseph de Maistre ou Louis de Bonald, qui fustigent la démocratie comme une hérésie destructrice et prônent un retour à la monarchie de droit divin. Ce courant se prolongera tout au long du XIXᵉ siècle, notamment sous la Restauration et le Second Empire, en opposition aux Républicains et aux socialistes.

La mutation nationaliste et l’affaire Dreyfus

À la fin du XIXᵉ siècle, l’extrême droite mute sous l’influence du nationalisme moderne. La IIIᵉ République voit émerger une droite radicale qui ne se contente plus de pleurer la monarchie, mais qui se fait le héraut d’une identité française qu’elle estime menacée.

L’Affaire Dreyfus (1894-1906) sera un tournant majeur : face aux dreyfusards, partisans de la justice et de l’universalisme républicain, s’opposent les anti-dreyfusards, qui défendent un nationalisme intransigeant, volontiers antisémite, et dénoncent un complot contre l’armée et la nation. Ce climat donne naissance à des figures comme Édouard Drumont et son best-seller antisémite La France juive, et à des mouvements comme l’Action française de Charles Maurras, qui prône un nationalisme intégral, autoritaire et violemment anti-républicain.

Entre-deux-guerres : fascisme à la française et ligues nationalistes

Les années 30 voient le spectre du fascisme gagner l’Europe, et la France n’échappe pas au phénomène. De nombreux groupes d’extrême droite adoptent une rhétorique et des méthodes inspirées du fascisme italien et du nazisme allemand, tout en conservant une spécificité française.

Les ligues nationalistes comme les Croix-de-Feu, la Cagoule ou l’Action française organisent des manifestations violentes et contestent la démocratie parlementaire, jugée corrompue et inefficace. Le 6 février 1934, une manifestation des ligues dégénère en émeute aux abords de l’Assemblée nationale, laissant planer la menace d’un coup de force.

manifestation de l'Action Française dans les années 30
Source : https://histoire-image.org/etudes/ligues-annees-trente

Ce rejet de la démocratie aboutira, quelques années plus tard, à la collaboration avec l’Allemagne nazie sous le régime de Vichy, qui incarne l’aboutissement de cette extrême droite autoritaire, nationaliste et réactionnaire.

Critères idéologiques de l’extrême droite

L’étiquette « extrême droite » est aujourd’hui utilisée à tort et à travers, mais historiquement et politiquement, elle désigne des courants bien spécifiques. Qu’est-ce qui définit une idéologie d’extrême droite ? Les chercheurs en science politique identifient plusieurs critères clés.

Nationalisme exacerbé et rejet de l’universalisme

L’un des marqueurs fondamentaux de l’extrême droite est un nationalisme radical, qui se distingue du patriotisme républicain. Là où le patriotisme valorise l’attachement à un pays et à ses institutions, le nationalisme d’extrême droite considère la nation comme une entité organique, souvent définie par des critères ethniques ou culturels rigides.

Ce nationalisme peut se traduire par un rejet des étrangers, une méfiance envers toute influence extérieure et un discours obsédé par la « décadence » supposée de la société. Historiquement, il s’est incarné dans l’antisémitisme, puis dans le rejet des immigrés et du multiculturalisme.

Autoritarisme et rejet de la démocratie libérale

L’extrême droite a toujours entretenu une relation ambiguë avec la démocratie. Si certains de ses mouvements acceptent le jeu électoral, ils sont souvent critiques envers les institutions démocratiques, jugées faibles, corrompues ou inefficaces.

Les régimes d’extrême droite historiques – du franquisme espagnol au régime de Vichy – ont souvent privilégié un pouvoir fort, vertical, méprisant les contre-pouvoirs et la séparation des pouvoirs. Aujourd’hui encore, les régimes qualifiés d’extrême droite (comme celui de Viktor Orbán en Hongrie) sont accusés de restreindre les libertés individuelles et de limiter le pluralisme politique.

Nostalgie d’un passé idéalisé et rejet du progressisme

Un autre trait caractéristique est la glorification d’un âge d’or perdu, opposé à une modernité perçue comme décadente. L’extrême droite se nourrit souvent d’un récit où la nation aurait été trahie par des élites corrompues et où il faudrait restaurer un ordre ancien, qu’il soit monarchique, impérial ou simplement conservateur.

Ce rejet du progressisme s’incarne dans des discours hostiles aux évolutions sociétales (féminisme, droits des minorités, mariage pour tous, etc.), souvent perçues comme des menaces contre l’ordre naturel.

Évolution politique et positionnement actuel

L’histoire de l’extrême droite en France est celle d’une transformation profonde. Là où elle était autrefois une force hostile à la République, prônant un régime autoritaire ou monarchiste, elle s’est progressivement adaptée au jeu démocratique. Aujourd’hui, l’utilisation du terme « extrême droite » pour désigner certains partis politiques pose question : s’agit-il d’une réelle continuité idéologique, ou d’un simple stigmate utilisé à des fins politiques ?

De Jean-Marie Le Pen à Marine Le Pen : la normalisation du Front National

Le Front National (FN), fondé en 1972 par Jean-Marie Le Pen, a longtemps été perçu comme un héritier des mouvements nationalistes radicaux d’après-guerre. Son discours mêlait patriotisme, hostilité à l’immigration, critique des élites et nostalgie d’une France traditionnelle. Dans les années 1980 et 1990, ses dérapages racistes et antisémites le maintenaient dans une marginalité politique, même si son électorat progressait régulièrement.

Mais sous la direction de Marine Le Pen, le FN – devenu Rassemblement National (RN) – a changé de stratégie. Exit la provocation frontale, place à un discours axé sur la souveraineté, l’identité et le social. Le parti se veut républicain, respectueux des institutions et soucieux de donner des gages de respectabilité. Cette stratégie de « dédiabolisation » lui permet d’atteindre le second tour des présidentielles en 2017 et 2022, et de devenir un acteur majeur du paysage politique français. Peut-on encore parler d’extrême droite pour un parti qui accepte les règles du jeu démocratique et qui est en passe de devenir une force de gouvernement ?

Éric Zemmour et Reconquête : le retour d’un discours plus radical

Alors que Marine Le Pen adoucissait son discours, Éric Zemmour est venu occuper l’espace laissé vacant à sa droite. Avec son parti Reconquête, il assume une rhétorique plus offensive sur l’immigration, l’identité et la « décadence » de la France. Son positionnement rappelle certains discours nationalistes des années 30, mais il ne prône pas pour autant un régime autoritaire.

Son échec à la présidentielle de 2022 montre néanmoins les limites de ce discours : trop dur pour séduire un électorat populaire plus préoccupé par le pouvoir d’achat que par les querelles identitaires, mais trop intellectuel pour rassembler aussi largement que Marine Le Pen.

L’extrême droite ailleurs : une comparaison internationale

En Europe, plusieurs partis classés à l’extrême droite ont réussi à s’installer durablement au pouvoir ou à influencer les politiques nationales. On peut citer :

  • Viktor Orbán en Hongrie, dont le régime est souvent qualifié de « démocratie illibérale » pour sa tendance à limiter les contre-pouvoirs et à renforcer le contrôle de l’État sur les médias.
  • Giorgia Meloni en Italie, qui dirige Fratelli d’Italia, un parti aux racines post-fascistes, mais qui se positionne aujourd’hui comme une droite conservatrice classique.
  • Le PiS en Pologne, qui gouverne avec un discours nationaliste et conservateur, notamment sur les questions sociétales et européennes.

Tous ces exemples montrent que l’étiquette « extrême droite » recouvre des réalités très différentes. En France, où l’héritage républicain reste fort, aucun parti ne prône la suppression des élections ou l’instauration d’un régime autoritaire. D’où la question : utiliser encore ce terme a-t-il un sens, ou sert-il simplement à exclure du débat certaines idées jugées inacceptables ?

L’utilisation du terme « extrême droite » dans les médias

Si l’extrême droite a une histoire et des critères idéologiques précis, son usage médiatique, lui, semble répondre à une autre logique : celle de l’anathème. Peu importe que Marine Le Pen rejette l’antisémitisme de son père, que ses députés siègent démocratiquement à l’Assemblée ou que son programme économique flirte avec des idées keynésiennes, l’étiquette « extrême droite » lui est collée à la peau. Mais à force de tout qualifier ainsi, ne vide-t-on pas le concept de son sens ?

Un stigmate plus qu’une catégorie politique

Dans le débat public, l’extrême droite est devenue un « totem négatif » : un terme qui ne sert plus à décrire mais à disqualifier. À droite, un républicain conservateur hostile à l’immigration sera vite taxé d’extrême droite, même s’il défend un État fort et une vision gaulliste de la nation. À gauche, certains n’hésitent pas à qualifier de « rouge-bruns » ceux qui critiquent l’ultralibéralisme et le mondialisme, comme si toute forme de critique des dogmes dominants ne pouvait être que suspecte.

On assiste ainsi à une extension du domaine de l’extrême droite, qui finit par englober tout ce qui s’écarte du progressisme dominant. Cette inflation verbale pose problème : si tout est extrême droite, alors plus rien ne l’est vraiment.

La confusion entretenue par les médias

La presse et les chaînes d’information jouent un rôle majeur dans cette confusion. Dans de nombreux médias mainstream, le terme « extrême droite » est utilisé sans nuance ni définition claire. Marine Le Pen et Éric Zemmour sont mis dans le même sac, alors que leurs stratégies et leur électorat diffèrent largement. Pire, certains journalistes qualifient même de « dangereux » ou « radicaux » des intellectuels comme Mathieu Bock-Côté, qui pourtant se revendique simplement conservateur.

Cette paresse intellectuelle a deux effets pervers :

  • Elle empêche tout débat de fond en réduisant certaines idées à une simple étiquette infamante.
  • Elle rend difficile l’identification de véritables mouvements extrémistes, en noyant le terme sous un usage excessif.

Qui est réellement d’extrême droite aujourd’hui ?

Si l’on s’en tient aux critères historiques et idéologiques, il reste en France des groupuscules d’extrême droite, mais ils n’ont rien à voir avec le RN ou Reconquête. Les identitaires radicaux, certains néofascistes marginaux ou les nostalgiques de l’OAS en font partie. Mais ils sont ultra-minoritaires, dépourvus d’influence politique réelle et bien souvent surveillés de près par les autorités.

En revanche, l’accusation d’extrême droite devient un outil politique contre toute opposition au progressisme dominant. Aujourd’hui, il suffit d’être souverainiste, hostile à l’immigration massive ou favorable à un retour à l’ordre pour se voir coller cette étiquette. Dès lors, la vraie question est : à qui profite cette confusion ?

Les idées associées à l’extrême droite aujourd’hui

Puisque le terme « extrême droite » est devenu une sorte d’épouvantail médiatique, il est intéressant de se demander quelles idées sont réellement portées par ceux qui en sont qualifiés. Y a-t-il encore une cohérence idéologique, ou s’agit-il d’un fourre-tout servant à englober tout ce qui dérange ?

L’immigration et l’identité : le cœur du débat

Si un point rassemble presque tous les mouvements qualifiés d’extrême droite, c’est bien la question de l’identité et de l’immigration. Mais là encore, il faut nuancer.

  • Le Rassemblement National défend une ligne identitaire mais républicaine : pas de différenciation raciale, pas de théorie du « grand remplacement » officiellement assumée, mais un discours axé sur l’assimilation et la défense de la culture française.
  • Reconquête, en revanche, adopte un discours plus offensif, où la notion de « civilisation » prend une place centrale. Zemmour parle ouvertement d’un « choc des cultures » et d’un déclin civilisationnel.
  • À l’extrême droite de l’extrême droite, des groupuscules identitaires assument une vision ethnique du nationalisme, mais ils restent marginaux et sans impact électoral.

Ce qui frappe, c’est que ces thématiques sont désormais partagées bien au-delà de ces cercles : des figures comme Michel Onfray ou des politiques comme Laurent Wauquiez abordent aussi ces sujets, preuve qu’ils ne sont plus l’apanage de la droite radicale.

L’autorité, la nation et la souveraineté

Un autre point commun des mouvements classés à l’extrême droite est leur rapport à l’autorité et à l’État. Contrairement aux libertariens de droite, qui prônent un affaiblissement du pouvoir central, ces courants valorisent souvent un État fort, capable d’imposer l’ordre et de défendre les intérêts nationaux.

Mais là encore, la distinction est essentielle :

  • Le RN accepte pleinement le cadre républicain et démocratique.
  • Reconquête est plus critique envers le modèle actuel, mais ne prône pas un régime autoritaire.
  • Les groupuscules réellement extrémistes, eux, rejettent purement et simplement la démocratie.

Là encore, la confusion médiatique fait que toute critique du modèle actuel est assimilée à une tentation fasciste, ce qui empêche de voir que des valeurs comme la souveraineté nationale ou la sécurité sont aussi défendues par des figures hors de l’extrême droite.

La question sociale : un virage inattendu

Contrairement à l’extrême droite traditionnelle, qui était souvent élitiste et ultra-libérale, les mouvements classés aujourd’hui à l’extrême droite adoptent un discours social qui les rapproche parfois de la gauche. Marine Le Pen parle protectionnisme, retraite à 60 ans, intervention de l’État… Rien à voir avec le libéralisme autoritaire d’un Pinochet ou d’un Bolsonaro.

Là encore, on est face à une contradiction : comment qualifier d’extrême droite un parti qui défend une politique sociale inspirée du keynésianisme et qui a récupéré une partie de l’électorat ouvrier ?

Où est la vraie extrême droite ? Et l’extrême gauche dans tout ça ?

Si l’on suit les critères historiques et idéologiques, la « vraie » extrême droite – au sens de mouvements révolutionnaires, antidémocratiques et racialistes – est quasiment inexistante en France aujourd’hui. Quelques groupuscules identitaires subsistent, mais ils n’ont ni l’audience ni l’impact politique qu’on leur prête parfois.

En revanche, un phénomène intrigant se développe : une partie de l’extrême gauche adopte des méthodes et des idées qui, historiquement, étaient plutôt associées à l’extrême droite.

  • Le rejet de la démocratie électorale : Certains militants d’extrême gauche n’hésitent plus à affirmer que la démocratie ne doit être respectée que si elle donne « le bon résultat ». On a ainsi vu des menaces explicites de « corriger » dans la rue des scrutins jugés inacceptables (comme lors des présidentielles de 2017 et 2022), une rhétorique qui n’est pas sans rappeler celle des ligues d’extrême droite des années 30.
  • Un racisme à rebours : Par un effet pervers du wokisme et du communautarisme, on assiste à une essentialisation des individus selon leur couleur de peau ou leur identité de groupe. Là où l’extrême droite racialiste voyait des hiérarchies naturelles entre les races, l’extrême gauche actuelle adopte un racialisme inversé, où certains groupes seraient par essence oppresseurs et d’autres victimes. Cette vision va à l’encontre des principes universalistes de la République et rappelle, sous une forme inversée, les discours ethnicistes du passé.
  • La volonté de censure et l’interdiction de penser : Loin du débat démocratique, une frange radicale de la gauche semble vouloir interdire purement et simplement l’expression de certaines opinions. La « cancel culture », le harcèlement de figures intellectuelles dissidentes, les tentatives d’empêcher des conférences ou des débats rappellent les méthodes utilisées historiquement par des mouvements totalitaires. Ce qui comptait hier pour l’extrême droite – imposer une vision unique de la société, interdire la contestation – semble aujourd’hui repris par une gauche radicale qui, au nom du Bien, se croit autorisée à faire taire ses adversaires.

Cette « extrême-droitisation » de l’extrême gauche n’est pas une simple provocation rhétorique. Elle montre que les réflexes autoritaires, le rejet du pluralisme et l’intolérance idéologique ne sont pas l’apanage d’un seul camp. Peut-être serait-il temps de cesser de chercher l’extrême droite là où elle n’est plus, et de se demander qui, aujourd’hui, menace réellement la liberté d’expression et la démocratie.

La catégorisation "extrême droite" est devenue un moyen de bâillonner un adversaire politique

Un mot qui masque plus qu’il ne révèle

L’histoire et la politique ne sont pas des caricatures en noir et blanc, et pourtant, l’usage du terme « extrême droite » tend à les réduire à cela. Ce qui fut autrefois une catégorie politique bien définie – nationalisme exacerbé, rejet de la démocratie, exaltation de la violence – est devenu un label fourre-tout, utilisé pour disqualifier toute opposition au progressisme dominant.

Loin des fantasmes médiatiques, l’extrême droite historique n’existe plus sous la forme qu’elle avait au XXᵉ siècle. Le RN joue le jeu des institutions, Reconquête défend un nationalisme assumé mais républicain, et les groupuscules véritablement extrémistes sont marginaux et dépourvus de poids politique. Pourtant, l’accusation d’extrême droite est devenue une arme rhétorique massive, empêchant toute réflexion sur les sujets qu’elle recouvre : l’immigration, l’identité, la souveraineté nationale.

Pire encore, certaines des méthodes historiquement associées à l’extrême droite – rejet du vote démocratique, volonté d’imposer une vérité officielle, exclusion des idées dissidentes – se retrouvent aujourd’hui du côté d’une gauche radicale qui, au nom du Bien, se croit autorisée à censurer et à intimider.

Alors, à qui profite cette confusion ? À ceux qui veulent éviter le débat d’idées. Tant qu’un adversaire peut être discrédité d’un simple mot, il devient inutile de lui répondre. Mais la réalité finit toujours par rattraper les idéologies : tôt ou tard, il faudra bien nommer les choses comme elles sont.

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